Sous l’arc d’un ciel verrouillé

Londres, un soir d’automne.

 

Arc-en-ciel sur le ciel de Londres, après une averse d’automne. Symbole éphémère d’espérance dans un temps politique verrouillé.

À Londres, un soir d’automne, un arc-en-ciel s’élève au-dessus de la ville après une fine pluie. Dans ce décor fragile, Kokobo Odjébé médite sur le sens du vote lorsqu’il se déroule dans un contexte verrouillé. Entre désillusion politique et fidélité morale, ce texte pose un regard lucide et poétique sur la valeur symbolique du geste citoyen — celui d’espérer encore, même quand tout semble écrit d’avance.

Entre deux averses, un arc-en-ciel se dessine au-dessus des toits, frêle mais résistant. Les nuages, lourds d’humidité et de grisaille, laissent filtrer une lumière dorée sur la ville. Ce spectacle naturel, presque anodin, m’a trouvé sortant d’un bureau de vote. J’avais accompli un geste simple, ordinaire, mais chargé d’un poids symbolique : voter dans un scrutin présidentiel déjà verrouillé.

Le contraste entre le ciel et la terre, entre la lumière et la résignation, m’a frappé. Cet arc suspendu entre pluie et soleil semblait murmurer que, même dans la confiscation du choix, subsiste un espace intérieur de liberté.
Car voter, parfois, n’est plus un acte d’espérance politique, mais un acte de fidélité morale — un refus du renoncement total.

L’arc-en-ciel au-dessus de Londres n’était pas un présage naïf. Il rappelait simplement que la lumière sait revenir, même fugace, dans les interstices des systèmes verrouillés. Et qu’à défaut d’infléchir le cours des urnes, il nous reste la dignité d’y déposer un signe : celui de la conscience qui persiste à croire en la possibilité d’un autre jour.

Simplice Ongui
osimgil@yahoo.co.uk

 

Note de contexte :

Le texte s’inscrit dans le contexte du récent scrutin présidentiel observé par la diaspora ivoirienne, dont les résultats semblaient verrouillés d’avance par des mécanismes institutionnels et politiques opaques. En choisissant de voter malgré tout, l’auteur exprime une forme de résistance symbolique : celle d’un citoyen conscient que la démocratie ne se limite pas à l’issue du vote, mais à la persistance du geste et à la clarté du regard qui l’accompagne.

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